Fondée en 1985, FACES est une revue d'architecture semestrielle, née au sein de l’ancien Institut d’architecture de l’Université de Genève, qui poursuit une recherche théorique et critique sur les productions architecturales et artistiques contemporaines mais qui interroge aussi, plus largement, la notion de modernité. La revue propose une réflexion ouverte sur des thèmes tels que le territoire, le paysage, la ville et ses périphéries en mettant l’accent sur la question de la perception spatiale et de la matérialité constructive des oeuvres. En dehors du thème principal soutenu par des analyses détaillées de projets, viennent s’ajouter d’autres rubriques telles que «archives», «tribune», «lectures» ou «itinéraires». FACES a fait peau neuve avec le numéro 73 Connect sorti en mars 2018. Elle revient à la mouture graphique initiale en noir et blanc qui est aussi le signe d’une posture forte, en retrait de l’actualité.
FACES
19, rue de Veyrier
CH-1227 Carouge-Genève
Rédacteur en chef
Paolo Amaldi
Directeur de publication
Philippe Meyer
Comité de rédaction
Nicolas Bassand, Adrien Besson, Isabel Concheiro Guisan, Jean-Paul Jaccaud, Jean-Frédéric Luscher, Philippe Meier
Membre honoraire
Cyrille Simonnet
Comité scientifique
Nicola Navone, Mendrisio
Jacques Lucan, Paris
André Bideau, Zürich
Estelle Thibault, Paris
Coordination éditoriale
Eliza Culea-Hong
Production
Infolio Éditions
En Crausaz 10
CH-1124 Gollion
Site: www.infolio.ch
Publicité
Philippe Meyer
mail@philippemeyer.ch
Abonnement
4 numéros:
100 CHF / 100 Euros,
frais de port compris
facesmagazine.ch
FACES est publié avec l’aide de ses
partenaires : les Hautes Ecoles Spécialisées Suisses de Genève (Haute Ecole du Paysage, d’Ingénierie et d’Architecture de Genève, Hepia) et Fribourg (Haute Ecole d’Ingénierie et d’Architecture de Fribourg, HEIA-FR), ainsi que du Joint master d’Architecture (HES-SO Master) ;
grand donateur anonyme ;
généreux bienfaiteurs : Atelier Jaccaud Spicher ;
soutiens : FAS section Genève, la Fédération des architectes et ingénieurs (FAI), Ville de Genève, Fondation pour le patrimoine bâti
souscripteurs : Diane Schasca, Annette Gigon / Mike Guyer Architekten, Michel Buri, Meier + Associés Architectes, Gabriele Guscetti, Atelier Bonnet, Graber Pulver, Amaldi-Neder, Giorgis Rodriguez Architectes, Bakker&Blanc, Bassi Carella Marello, frundgallina SA.
APPEL À ARTICLES CLOS
Faces 80 : Voisinage
Le thème du prochain numéro de la revue Faces couvre une notion à connotation sociologique : le voisinage. En revenant sur le sens du « veisin – celui qui demeure près d’un autre » (Geoffroi Gaimar, 1140, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5964), cette notion nous fait nous interroger sur l’échelle du commun (ou des figures spatiales stabilisées pour penser la vie ensemble) – remettant en jeu d’autres notions comme le quartier, la ville, etc. Le voisinage est une approche qui se veut plurielle et multiscalaire de la ville. La planification par le haut (en plan) et par le relief (plan-relief, maquette urbaine) a marqué l’urbanisme des xixe et xxe siècles. Elle instaure un ordre que l’on pourrait définir comme « froid », fait de systèmes d’espaces pensés dans leur bonne succession et hiérarchisation. Ce numéro de Faces va plutôt s’intéresser à la dimension chaude et dispersive du vivre-ensemble, reposant sur les interactions, les frottements, les ambiguïtés des limites, le floutage, la mixité, des « scènes de résistance ». Un droit à la ville fait d’appropriations habitantes et de réinvention des manières de coexister, posant à la fois des questions d’hospitalité et de demeure, de différence et de commun.
Cette pensée renouvelée du voisinage passe par un nécessaire changement de paradigme, en dépassant l’idée que pour « garantir » (Breviglieri) une bonne ville, il suffit d’affiner le calcul des flux, d’assurer l’accès fonctionnel et performant aux services, ou encore de mettre en place des cadres de vie « qualitatifs » répondant aux besoins des habitants. Autant d’éléments d’un arsenal notionnel positiviste, lié au façonnage de nos vies et nos désirs imposé par le capitalisme tardif de type émotionnel, mais qui nous vient de plus loin, peut-être de savoirs et de théories comportementalistes des années 1960. Dans les écrits des sociologues urbains des années 1930, à Chicago, la question du voisinage, la pensée de la ville, est une attention à l’expérience du migrant, à la place accordée à l’étranger, aux rapports complexes entre anonymat et familiarité, aux tensions qui naissent, et aux dispositifs médiatiques, techniques, architecturaux qui permettent de demeurer ensemble et de faire société. Dans les sociologies des luttes urbaines, celles que contribuent à fonder les travaux de Henry Lefebvre, on déplace le regard vers les mobilisations collectives. Jane Jacobs, entre autres, poursuivra l’étude d’une ville à partir des dynamiques de proximité, nous permettant de penser l’urbanisme à partir de ses effets politiques, son pouvoir d’émancipation et d’oppression sur le quotidien des habitant·e·s. L’un dans l’autre, le regard se porte moins sur l’établissement scrupuleux des programmes et des bonnes formes que sur les processus et les médiations, les immersions et les marges de manœuvre. Ce numéro de Faces veut essayer de montrer comment le repli sur la variété des programmes et des gabarits – qui ne fait que perpétuer la domination de la vue sur la pensée de la diversité – ne suffit plus à définir la matière épaisse des coexistences. Il faut retrouver les autres sens et épaissir l’espace et les limites ; faire retour à la dialectique guattaro-deleuzienne du striage et du lissage ; exhumer l’invu merleau pontien qui précède le perçu et qui est en attente de sens.
Les outils pour penser l’échelle du vécu et de l’expérience sont plus proches, nous semble-t-il, de l’anthropologie et de la sociologie. Il n’y a pas d’espace collectif sans un réglage des coexistences qui passe par les langues et les rituels, les règles et les familiarités, mais aussi les seuils et les objets où se façonnent les formes fragiles et difficilement codifiables des voisinages. Dès lors, l’espace du voisinage serait, peut-être, le lieu d’un possible qui échappe précisément à toute planification. Comment le penser ?
Luca Pattaroni, guest editor.
Paolo Amaldi.
L’appel à articles que lance la revue Faces pour la livraison du numéro 80 se déroulera comme suit :
Les propositions peuvent être envoyées en français ou en anglais à l’adresse :
info [at] facesmagazine [dot] ch.
Hommage à Luigi Snozzi 1932-2020,
Philippe Meyer, architecte, Dir. de publication de la revue FACES
Il aurait voulu être peintre, mais inlassablement, c’est l’architecture que Luigi Snozzi ne cessa d’aimer et de faire aimer. Avec une humilité constante, il distilla au cours de près de 60 ans de réflexion, un discours à la fois empli de culture et d’humanité.
J’eus le privilège de le connaître et d’apprendre auprès de lui.
Sa faculté de pédagogue était évidente, fascinante, en quelques mots, quelques métaphores choisies, il nous invitait à la cohérence et à la connaissance.
Cette connaissance du territoire, du lieu investi, essentielle, sans laquelle rien n’est permis, rien n’est possible.
Ne jamais perdre de vue la structure et la spécificité du lieu.
« Chaque intervention présuppose une destruction. Détruis avec conscience et avec joie »
Architecte engagé, Luigi Snozzi a peu écrit mais il a beaucoup dit. Ce verbe si important et caractéristique, tous ceux qui l’auront cotoyé ne l’oublieront jamais.
Il n’était pas uniquement source d’aphorismes mais source d’une inspiration puissante issue d’une analyse précise de l’ensemble des questions majeures qui régissent le travail et la position de l’architecte face et dans la société.
« La liberté totale est la pire des prisons. Nous avons besoin de limites, de frontières auxquelles nous mesurer. »
L’œuvre de Luigi Snozzi en est la traduction. Celle d’un intellectuel critique.
Une œuvre exemplaire qui, au travers des différents projets bâtis ou non réalisés,
témoigne de la responsabilité de l’architecte mais également, de ceux qui le commanditent, envers la société et l’environnement.
Cette mission, pour un développement urbain de qualité, indissociable d’une conscience éthique et politique, Luigi Snozzi, ne put que trop rarement la mener à bien.
« Avec l’architecture, tu ne fais pas la révolution, mais la révolution ne suffit pas pour faire l’architecture : l’homme a besoin des deux. »
Cette conscience de la ville, de sa croissance, de son expansion insuffisamment contrôlée, était pour Luigi Snozzi l’un des moteurs principaux de ses préoccupations. Acteur majeur de « L’Ecole Tessinoise » avec Mario Botta, Livio Vacchini et Aurelio Galfetti, il participa à de nombreux concours ou études, dont la radicalité des propositions, reçue ou pas, continue d’influencer ses confrères.
«La radicalité, cela signifie simplement se focaliser sur les points essentiels. Une question relève de mille problèmes, savoir en retirer deux ou trois fondamentaux, c’est ça la radicalité »
Luigi Snozzi, penseur urbain, était aussi un homme très attaché à la nature.
Pêcheur passionné, passant de longues heures sur sa barque, cigarette et casquette de rigueur.
Homme d’amitiés, il aura su transmettre, au-delà de l’architecture, émotion et enthousiasme. Si, dans les derniers jours de sa vie, certains l’ont oublié, nous, architectes, élèves, savons que nous lui devons beaucoup.